Rue des voleurs de Mathias Enard

Je me doutais bien que Mathias Enard allait ressortir un roman pour cette nouvelle rentrée littéraire, pourquoi changer les bonnes habitudes hein??!! Et pour un livre sorti pour cette rentrée vous avez aussi la réédition d'un précédant !! Donc bien sûr j'ai lu les deux. Mais je ne vous parlerai pas ici de Remonter l'Orénoque, car je ne l'ai pas particulièrement aimé. Par contre Rue des voleurs a été une très belle découverte. Mathias Enard réussi une fois encore à me transporter loin du quotidien, à me faire simplement voyager.

Pour la petite histoire Lakhdar, sortant tout juste de l'adolescence, vit avec sa famille à Tanger. Attiré par sa cousine qui habite sur le même pallier, il commêt l'irréparable alors qu'ils ne sont pas mariés. Suite à la grosse dispute avec son père engendré par son acte, il quitte le foyer et se retrouve à la rue. Commence alors des mois d'errence jusqu'à ce que son meilleur ami lui trouve un travail dans une librairie gérée par le Groupe pour la Diffusion de la Pensée Coranique. A présent il gagne sa vie, s'assume, rencontre plein de gens d'horizons différents, découvre la littérature arabe et française, l'islamisme et désespère de ne pas revoir sa famille et surtout sa mère. Après avoir fait une belle rencontre, il veut traverser la Méditerranée pour retrouver la femme qu'il pense être celle de sa vie. Mais la vie ne lui fait aucun cadeau et il est confronté rapidement à la mort.

On retrouve l'amour de Mathias Enard pour le Maghreb et l'Espagne, tout deux très présent, sa connaissance des textes arabes sacrés ou profanes. Tout au long du roman j'ai été touché par ce personnage principal qui essaie tant bien que mal de se faire une place sur un fond de printemps arabe. Ce roman est cruellement contemporain avec toutes les préoccupations des jeunes de cette génération qui se cherche dans un monde qui s'enflame. Jusqu'à la fin j'ai attendu qu'il lui arrive quelque chose de bien, qu'il trouve le bonheur, car il le méritait vraiment. La fin m'a surprise, je n'ai pas compris ! Mais ce n'est pas ce que je retiens du livre, la fin n'entache pas du tout le reste du roman qui est superbe.

"Elles apercevaient parmi mes amis non seulement la tête de bagnard de Bassam, mais aussi le Groupe pour la Diffusion de la Pensée coranique ou Al-Jazira, ce qui, vu de Bourges ou de Troyes, avait très peu de chances d'inspirer la tendresse."

Actes Sud, 21,50€.